Une grue soulève des conteneurs dans le port de Duisbourg
L'Union européenne a accusé lundi les États-Unis de bloquer un accord commercial et a averti qu'elle prendrait des mesures de rétorsion si aucun compromis n'était trouvé pour éviter les droits de douane "absolument inacceptables" que le président Donald Trump menace d'imposer à partir du 1er août.
Donald Trump a déclaré qu'il restait ouvert à de nouvelles discussions avec l'UE et d'autres partenaires commerciaux avant l'entrée en vigueur de droits de douane de 30% le mois prochain, précisant que des représentants européens se rendraient aux États-Unis pour négocier.
"Ils aimeraient conclure un accord différent et nous sommes toujours prêts à discuter, y compris avec l'Europe", a-t-il affirmé depuis le Bureau ovale. "En fait, ils sont en train de venir. Ils aimeraient discuter."
Samedi, Donald Trump a intensifié sa guerre commerciale en annonçant des droits de douane de 30% sur la plupart des importations en provenance de l'UE et du Mexique à compter du mois prochain, tout en adressant des avertissements similaires au Japon et à la Corée du Sud.
Jusqu'à présent, l'UE s'est abstenue de riposter afin d'éviter une escalade, tout en laissant la porte ouverte à une solution négociée. Mais les ministres réunis lundi à Bruxelles ont semblé se rapprocher d'une réponse coordonnée.
Lors d'une conférence de presse, le ministre danois des Affaires étrangères, Lars Lokke Rasmussen, a qualifié la menace tarifaire d'"absolument inacceptable".
Le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, a estimé qu'il était "encore possible de poursuivre les négociations", tout en exprimant sa frustration face à l'absence d'accord avec Washington.
"L'Union européenne (…) ne renonce jamais sans un véritable effort", a-t-il déclaré. "Mais comme je l'ai déjà dit, il faut deux mains pour applaudir", a-t-il ajouté, précisant que les États membres continuaient à préparer des contre-mesures en cas d'échec.
Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a indiqué que l'UE avait déjà établi une liste de droits de douane d'une valeur de 21 milliards d'euros sur des produits américains si aucun accord n'était trouvé.
La présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, a déclaré lundi qu'un accord de sécurité avec les États-Unis était imminent. La Maison Blanche a précisé que les droits de douane de 30% ne concerneraient pas les marchandises échangées dans le cadre de l'USMCA, épargnant ainsi la majorité des exportations mexicaines.
Claudia Sheinbaum s'est dite confiante qu'un accord serait conclu avant le 1er août, assurant qu'aucune force américaine ne serait déployée au Mexique, contrairement à ce qu'avait suggéré Donald Trump.
LES MARCHÉS EUROPÉENS RECULENT
Le conseiller économique de la Maison Blanche, Kevin Hassett, a confirmé que les discussions commerciales se poursuivaient avec l'UE, le Canada et le Mexique. Le Canada pourrait faire face à des droits de douane de 35% dès le mois prochain. "Nous verrons… il nous reste quelques semaines", a-t-il déclaré à propos des négociations avec l'UE.
Kevin Hassett avait déjà affirmé dimanche que Donald Trump souhaitait de meilleurs accords pour éviter de nouveaux droits de douane. La menace tarifaire a provoqué des inquiétudes en Europe, notamment en Allemagne.
Le chancelier Friedrich Merz a averti qu'un tarif de 30% "frapperait l'industrie d'exportation allemande en plein cœur". Le président de la Chambre de commerce et d'industrie allemande (DIHK), Volker Treier, a mis en garde contre une escalade du conflit qui "menace sérieusement les entreprises allemandes". "Des négociations difficiles sont maintenant nécessaires pour éviter un effondrement du commerce transatlantique", a-t-il déclaré.
Les marchés européens ont terminé en baisse lundi, affectés par les tensions commerciales. Les valeurs automobiles et des boissons alcoolisées ont enregistré les plus fortes pertes, tandis que Wall Street est restée stable.
SÉOUL CHERCHE UN ACCORD RAPIDE
L'échéance du 1er août a déclenché une course mondiale aux accords commerciaux. Le principal négociateur sud-coréen, Yeo Han-koo, a déclaré lundi qu'un accord "en principe" pourrait être trouvé d'ici là, ajoutant que Séoul pourrait offrir un meilleur accès à ses marchés agricoles.
Yeo Han-koo, qui a rencontré des responsables américains la semaine dernière, a indiqué que la Corée du Sud cherchait à éviter des droits de douane "injustes" sur des secteurs clés. "Je pense qu'il est possible de parvenir à un accord de principe, puis de poursuivre les négociations", a-t-il déclaré à l'agence Newsis. "Vingt jours ne suffisent pas pour conclure un traité parfait", a-t-il ajouté.
(Reportage de Phil Blenkinsop, Milan Strahm et David Lawder; reportage complementaire de Charlotte Van Campenhout, Hyunjoo Jin, Milan Strahm, Cristina Carlevaro, David Lawder, John Revill, Andreas Rinke, Wayne Cole et Emma Rumney; rédigé par Bart Meijer et Keith Weir; version française Tangi Salaün et Elena Smirnova, édité par Augustin Turpin)
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